La peste, imprévisible, hautement contagieuse et mortelle, était la maladie par excellence de l’ère moderne. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, elle a frappé l’Europe occidentale par vagues successives qui ont fait grimper la mortalité à des niveaux catastrophiques. Les historiens ont beaucoup insisté sur la peur que la maladie provoquait dans la population, mais peu sur les attitudes contraires, comme l’indifférence ou l’imprudence, également souvent fréquentes.
Face à la peste, les communes de l’Ancien Régime ont dû faire face à un dilemme que nous connaissons bien suite à l’expérience de la pandémie du COVID : le conflit entre les intérêts sanitaires et le désir de maintenir la normalité. Afin d’étudier de quelle façon cela a été résolu, nous analyserons l’attitude face à la peste dans différentes localités du nord de l’Espagne, en passant en revue les mesures appliquées pour freiner la contagion (restriction de mouvements, laissez-passer sanitaires, entraves à l’activité économique, isolement des malades, création d’hôpitaux de campagne, hygiène et nettoyage de l’espace public, cérémonies religieuses…) et les comportements inspirés par la peur (fuite, expulsion des indigents, méfiance envers les étrangers…). Mais aussi le non respect de la réglementation, ses causes (intérêts économiques, désir de sociabilité, négligence…) et l’attitude des autorités envers les réfractaires (punitions ou négligences).
Conférence de Tomás Manso Fraga, résident, doctorant contractuel en Histoire, Universidad de Santiago de Compostela.