Photographies de Miguel Auria.
Je parcours le paysage dans un véhicule, tandis que des traces de lumière morte traversent l’obturateur et tracent un code binaire dans un capteur. Le paysage peut être juste cela. Le regard sur le terrain, l’émotion et l’expérience liée au regard. Un code, une construction humaine. Il peut y avoir bien plus : le territoire et la culture, l’écosystème. Mais, depuis un véhicule, nous ne faisons pas partie du paysage. Nous le traversons. Il disparaît sous nos yeux.
Cependant, l’appareil photo permet de le capturer et de le transformer en un rêve sophistiqué. Comme images du Nouvel An, le paysage n’est plus. Il reste à peine le biais du regard, une certaine douleur, et l’extase stendhalienne provoquée par une beauté mourante.
Ces photographies font partie d’un projet tissé à travers le souvenir de la guerre de Bosnie. Observée de loin. Comme la mélodie d’une radio écoutée pendant l’enfance. C’est la rumeur d’une question mal formulée : les espaces incompris qui restent attachés au subconscient.