Nous souhaitons, à l’occasion de cette rencontre scientifique, proposer une approche renouvelée sur la thématique du deuil, dans sa dimension individuelle ou collective, en appréhendant la mort à partir des émotions.
En s’intéressant aux termes mêmes qui désignent le deuil en castillan, duelo et luto, il apparaît que le deuil recouvre deux dimensions qui peuvent se superposer, se confondre, mais aussi s’opposer : la première dimension, d’ordre émotionnel et intime, la seconde, d’ordre matériel et public. Dans une société où la frontière entre vie intime et vie publique est poreuse, il s’agit d’interroger le sens de la perte d’un être cher, que cette perte soit affective, sociale ou politique, et de voir dans quelle mesure les pratiques du deuil ont pu contribuer à créer des « communautés » liées par l’émotion.
Quelles sont les manifestations historiques, archéologiques et littéraires du deuil dans la péninsule Ibérique médiévale ? Que peuvent-elles nous apprendre sur les mœurs et les rites des hommes et des femmes qui l’ont peuplée ? Observe-t-on des phénomènes de concordance ou de contradiction entre les sphères intime et collective, entre les mondes ecclésiastique et laïc ? Les expressions historiques et culturelles du deuil semblent essentielles à la compréhension des liens qui se tissent au sein d’une société.
