Dans cette conférence, Nicolás de Navascués propose une interprétation d’un problème classique pour la philosophie, le problème du mal, comme une question éminemment politique. Si le phénomène du mal fait partie du discours philosophique depuis l’Antiquité, peut-être surtout depuis l’hellénisme, sa position au centre de la place publique est très caractéristique de notre modernité.Alors que pour l’Hellène le mal est d’abord un mal individuel (la maladie, par exemple), pour le Moderne le mal est d’abord une incapacité à réaliser les affaires communes (le tremblement de terre de Lisbonne). Pour surmonter cette incapacité paralysante, la Modernité, dans la bouche de Leibniz, institua la Théodicée : la justification du mal à travers l’existence de Dieu. Après la présentation de ce cadre discursif, le conférencier essaiera d’esquisser la situation spécifique sous une forme de mal particulière (la guerre) que la philosophie a conçue comme un mal nécessaire. Telle est la position de G. W. F. Hegel, représentant par excellence de la rationalité occidentale. Il conclura en montrant la critique de l’étranger qui refuse d’accepter la nécessité de la guerre, que le Logos de la Théodicée ne comprend plus et qui conçoit que tout mal déchire l’humanité dans son intimité la plus profonde : l’extravagante hétérodoxie d’Emmanuel Levinas.
Conférence de Nicolás de Navascués, résident, Doctorant en Philosophie, Universidad de Navarra