La récente publication en France de la traduction du livre de Pio Moa de 2003, Les mythes de la guerre civile, par une maison d‘édition spécialisée dans les sujets complotistes et proches de l‘extrême droite, et surtout la publicité donnée à cette traduction par le journal Le Figaro, ont provoqué la réaction de nombreux historiens et hispanophones français spécialistes de l‘Espagne contemporaine.
Ce n‘est cependant pas la première fois que l‘histoire de l‘Espagne agit en France comme le reflet de préoccupations et de débats internes, ce qui s‘est déjà produit pendant la guerre civile elle-même. Au-delà de ce cas particulier, le «cas Moa» est symptomatique d’une présence renouvelée de l’histoire dans l’espace public, tant espagnol que français, et plus largement européen : le cas de «Reconquête», la formation créée autour d’Eric Zemmour pendant la campagne présidentielle française, est symptomatique de cette centralité discursive de la récupération d’un passé idéalisé et mobilisateur. Dans les nouvelles reconfigurations politiques auxquelles nous assistons actuellement en Europe, accompagnées de la montée des populismes, des nationalismes et des idéologies d‘extrême droite, l‘utilisation et l‘instrumentalisation du passé sont redevenues un champ de bataille.
Cette journée vise à jeter les bases d‘un dialogue et d‘une comparaison possible quant aux usages actuels du passé en Espagne et en France, en particulier dans le contexte du débat politique. Des questions telles que les transferts culturels dans l‘utilisation du passé entre formations politiques des deux pays, le rôle des historiens dans le débat public, les différentes formes de mobilisation du passé dans le débat politique, la question des lois commémoratives, le rapport présentiste entre idéologie et histoire, etc.